Copinage Artline/Atopiak

Pour faire suite à l'article publié précédemment sur Atopiak (Petite note sur le temps présent: la phobocratie). Nous avons choisi de mettre en ligne un entretien avec Dimitri Konstandinidis, créateur et directeur d'Apollonia, réalisé pour le magazine Artline, à propos du projet e.cités, Rencontrer l’Europe - Bucarest,  qui offrira la possibilité à des artistes, commissaires d’exposition et critiques d’art roumains de venir présenter leur travail à Strasbourg. 

Apollonia est un organisme d’échanges artistiques ainsi qu’un lieu d’exposition, créé en 1998 à Strasbourg dans le cadre du programme d’Echanges Artistiques Européens initié par le Conseil de l’Europe. Apollonia se définit aujourd’hui comme « une plate-forme de coopération dans le domaine des arts visuels entre les pays européens et plus spécifiquement avec les pays d’Europe centrale et orientale, les Balkans, les pays Baltes et du Caucase du Sud. 


Artline : Comment est né le projet e.cités ?

Dimitri Konstandinidis : Préfiguré l’an passé avec Rencontrer Istanbul, e.cités se situe dans la continuité du travail d’Apollonia : il s’agit de faire connaître des artistes étrangers, montrer un travail souvent peu visible parce qu’il ne s’inscrit pas nécessairement dans le circuit d’exposition institutionnel, faire se rencontrer les acteurs de la création artistique contemporaine d’un pays et les spectateurs d’un autre pays. Le projet e.cités, centré autour d’une ville plutôt que d’un pays est le résultat d’un constat apparu lors des précédentes éditions de Rencontrer l’Europe : il est parfois plus facile de parler de culture en s’arrêtant à l’espace de la ville, que de chercher à présenter un pays et sa culture dans son ensemble. La ville est un territoire particulier où se mêlent singulier et pluriel : on y trouve à la fois l’affirmation d’une identité propre et la multiplicité des expressions culturelles de chaque individu, c’est un nœud, une zone d’expression des cultures et de la Culture d’un pays.

A : Quel est le programme de e.cités, Rencontrer l’Europe - Bucarest ?

D.K. : Sept évènements sont au programme de cette rencontre : une série d’expositions organisées à l’espace Apollonia, au Centre Culturel Italien et sur le stand d’Apollonia durant la foire européenne d’art contemporain de Strasbourg. Beaucoup d’artistes invités cette année travaillent la photographie et la vidéo. La photographie s’est imposée durant les années 90 comme l’un des domaines de création des plus actifs en Roumanie. Il y aura aussi des projections vidéos, fruit du travail d’artistes contemporains mais aussi les images animées des frères Manaki rassemblées par le commissaire d’exposition Erwin Kessler. Ces deux photographes, encore peu connus furent les premiers, au début du XXème siècle, à filmer la vie quotidienne dans les Balkans. C’est incroyable de voir ces images, et de découvrir ce qu’on pu réaliser ces deux frères peu de temps après les premières projections des frères Lumière à Paris.

Durant le mois de novembre les artistes Irina Botéa (cf. image, vidéo Before National Anthem) et Dan Calin présenteront leurs travaux et participeront à des ateliers/workshops organisés avec les élèves de l’école d’Architecture et les élèves de l’ENSAD. Le 5 novembre se tiendra également, à l’ENSAD, une journée de réflexion invitant artistes, architectes et historiens de l’art à réfléchir autour de la question des liens entre l’art contemporain, l’architecture et la constitution d’espaces d’urbanité dans la ville.
Il s’agit pour cette nouvelle édition, non seulement de faire découvrir le travail des artistes de Bucarest, mais aussi de les impliquer dans le développement de la cité. Il s’agit aussi d’interroger le regard externe de ces artistes étrangers, regard de celui qui découvre une ville, de « l’autre », et d’échanger cette vision en participant à un travail de relecture de l’espace avec les habitants de la cité. C’est un travail avec les strasbourgeois, qui redécouvriront leur ville au travers du regard d’artistes roumains.

A. : Pourquoi avoir choisi la thématique de l’architecture ?

D.K. : Cela nous est apparu comme une évidence. Bucarest est une ville en transformation, en reconstruction. Des bâtiments apparaissent dans le paysage de la ville de manière presque aléatoire et se mêlent aux résidus de l’architecture communiste. C’est frappant, Bucarest est une ville organique, les éléments architecturaux se jouxtent, se superposent les uns aux autres, l’architecture y est en quelque sorte libérée. On y lit ainsi la mémoire d’une société, mais aussi son évolution, la construction d’une nouvelle culture, d’une nouvelle identité. 

Iosif Kiraly, photographie extraite de la série Reconstructions


A.: Vous parlez d’identité et de culture, il me semble que les questions abordées et le choix de la ville invitée cette année font écho à une actualité politique française et européenne très forte. Comment concevez-vous ce rapport aux débats actuels ?

D.K. : Vous parlez du renvoi des Roms en Roumanie ?

A. : Entre autres, mais pas seulement.

D.K. : D’abord il faut cesser de faire l’amalgame entre Roms et Roumanie, ça n’a pas de sens et cela empêche de s’interroger sur les réelles raisons qui sous-tendent la politique française en matière d’immigration. Ensuite, il faut noter que les expositions que nous organisons avec Apollonia et les questions qu’elles soulèvent sont toujours en lien avec l’actualité. L’an passé nous accueillions Istanbul pendant que la communauté européenne s’interrogeait sur l’accession de la Turquie à l’Union. Nous ne choisissons pas d’inviter un pays ou un autre en fonction d’une actualité, de quelque nature soit-elle. Les questions d’identité, de migration, de mixité culturelle et d’échanges sont les points d’ancrage de l’action d’Apollonia. Nous cherchons à faire connaître le travail d’artistes souvent peu visibles, à montrer des cultures minoritaires. Il est ainsi toujours question de l’ « autre », mais également de la représentation de l’altérité comme médium de connaissance de soi. C’est pourquoi nous voulons que les artistes invités participent à la réflexion et aux projets de la ville de Strasbourg en collaboration avec les Strasbourgeois. 

« Le projet e.cités, c’est avant tout une rencontre avec soi-même, c’est se poser la question de l’Autre, cet autre qui est différent mais pas pour autant dans un rapport conflictuel ou destructeur. Il s’agit de passer à une société de la culture des différences ». Dimitri Konstandinidis, préface au catalogue de l’exposition Rencontrer l’Europe-Istanbul.

e.cités, Rencontrer l’Europe-Bucarest, du 4 au 29 novembre 2010, Apollonia, Institut Culturel Italien, ENSAD, Ecole d’Architecture de Strasbourg, St’art.

(l'intégralité de l'article et l'entretien seront publiés sous le titre European(c)ité, dans le numéro de novembre du magazine Artline).
Thomas W.

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1 commentaires:

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